Ce qui m'a fait grandir
Chronique n°23 - Un arc-en-ciel dans la nue
Je devais avoir une douzaine d’années quand par une journée
d’orage j’admirai un magnifique arc-en-ciel qui traversait l’horizon de bout en bout. Me tournant vers l’adulte qui était à
mes côtés je lui demandais :
– Est-ce que tu sais ce qui provoque l’arc en ciel, pourquoi il
est là et pourquoi à d’autres moments il n’est pas visible ?
– Eh bien, me dit-il, c’est Dieu qui a fait l’arc-en-ciel. Il l’a
placé dans la nue au moment où Noé est sorti de l’arche après le
déluge qui avait détruit la terre. Voici les paroles que Dieu a
prononcées, nous pouvons les lire dans Genèse 9.13 : « J’ai
placé mon arc dans la nue et il servira de signe d’alliance entre
moi et la terre ». Plus tard, à chaque fois que l’homme verrait
l’arc dans le ciel cela signifierait que Dieu rappellerait cette
promesse faite à Noé que plus jamais il ne détruirait la terre par
l’eau.
Je me fis alors plus précis.
– Je la connais bien tu sais cette histoire, ce que je voulais
savoir c’est si tu savais ce que c’est qui le provoque, qu’elle est
l’explication physique, scientifique de ce phénomène ?
– Oh tu sais, me répondit-il, les hommes et les scientifiques
ont des explications à tout maintenant. Elles leur servent à minimiser le rôle de Dieu et leur permet de se détourner des
enseignements contenus dans la Bible.
Je n’eus ce jour-là pas d’autre explication. Ce n’est que plus
tard que je découvris que ce phénomène était dû à la réfraction
et à la réflexion de la lumière par des gouttes d’eau en
suspension dans l’air et que la lumière en se décomposant
révélait, passant du rouge au violet, un arc-en-ciel. Bien mieux,
j’appris que j’avais, moi aussi, le pouvoir de créer à volonté et
sur demande un arc-en-ciel avec le jet d’eau sorti de la pomme
de la douche dans ma salle de bains lorsque l’éclairage était bien
positionné.
Sûrement d’ailleurs beaucoup d’entre vous se sont-ils aussi
amusés à provoquer eux-mêmes, ce phénomène.
A vouloir appliquer au seul sens littéral certains textes
bibliques, il pourrait arriver que l’on se retrouve face à une
impasse devant les observations et les découvertes des hommes
de ces derniers siècles. Qui aujourd’hui prendrait littéralement
ce texte de Job 9.6, où nous lisons : « Il secoue la terre sur sa
base et les colonnes qui soutiennent la terre sont ébranlées. » A
l’heure des satellites d’observation, ce texte, pourtant pris au
sens littéral à l’époque de sa rédaction et jusqu'à il n’y a
seulement que quelques siècles, pourrait faire sourire. Car non,
contrairement aux croyances anciennes et pour ceux qui
acceptent les connaissances et les découvertes de notre siècle, ce
n’est pas Dieu qui agite la terre provoquant les tremblements de
terre, mais bien la rencontre des plaques tectoniques et nulles
colonnes ne soutiennent la terre. Et nous savons, mais depuis
cinq siècles seulement, qu’arrivés au bout de l’horizon les
navires ne tombent pas dans un gouffre où vivent les créatures
de l’enfer. Mais il a fallu se battre pour imposer ces idées jugées alors révolutionnaires.
Galilée en 1633 n’a échappé à la torture et aux flammes du
bûcher dont le menaçaient les autorités de l’Eglise de son
époque qu’en abjurant ses propos. C’est pourtant lui qui avait
raison. Les observations qu’il avait faites et qui lui avait fait
découvrir le fonctionnement de notre système solaire avec la
terre et les étoiles tournant autour du soleil et non l’inverse
comme on le croyait jusqu’alors était bien la réalité. Mais
l’Eglise chrétienne, toute puissante durant des siècles, avait
encore réussi pour un temps à imposer et à maintenir sa vision
du monde.
Ce qu’il nous faut bien comprendre, c’est que la Bible, le livre
de la révélation de Dieu aux hommes de tous les temps, n’est
pas un livre de science. Qu’elle l’ait été pour des générations qui
n’avaient pas accès à d’autres connaissances ne pose pas de
problème. Paroles de sagesse, paroles de vie, mais écrites par
des hommes vivant dans leur temps et pas hors du temps et des
connaissances de leur temps. Comment imposer aux hommes
d’aujourd’hui la vision de ces connaissances partielles d’un
autre temps ? Comme pour l’arc-en-ciel, certains récits n’ont pas
pour mission de nous décrire le comment, mais de nous dire le
pourquoi. Ces récits nous parlent d’un Dieu plein de
bienveillance et de compassion. Dieu parle à l’homme par ces
récits et veut lui transmettre, enseignement, sens et vie.
En faisant des recherches sur ce sujet, j'ai découvert une
réflexion qui m'a fait sourire. Elle rapportait les propos d'un
homme s'exclamant :
« Imaginez si Jésus avait dit aux hommes
de son époque : E=m.c2, vous comprendrez plus tard… ».
Cette
formule sur la relativité énoncée par Einstein au début du
XXème siècle ne pouvait en effet être comprise et formulée que
par un homme ayant accès aux bouleversements des
connaissances de ces dernières décennies. Cette loi existait
pourtant bien depuis la nuit des temps.
Dieu s’est manifesté sans forcer le seuil de connaissance de
ceux à qui il se révélait. Ce qui lui importait n’était pas de faire
avancer la connaissance des lois physiques gérant notre terre,
mais de transmettre aux hommes de tous les temps, en utilisant
la plume des
prophètes qu’il inspirait, la révélation de son amour, sa
compassion et son plan de salut de l’humanité par le sacrifice
annoncé, la mort et la résurrection de son fils, Jésus-Christ.
N’ayons pas peur des découvertes de ces derniers siècles qui
sondent et remontent le temps. Oui, comme le dit la Bible dans
Daniel 12.4 : « Quant à toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles et
scelle le livre jusqu'au temps de la fin. Une multitude alors
cherchera, et la connaissance augmentera ».
La connaissance augmente dans tous les domaines mais ces
découvertes n’ont pas à nous mettre mal à l’aise si à un moment
ou à un autre elles vont plus loin que les découvertes et les
révélations faites par les hommes qui nous ont précédés, et qui
les ont consignées dans la Bible.
Certains considèrent tous les récits bibliques, dont ceux du
livre de la Genèse, de la création à l’arche de Noé, comme
s’étant passés tels qu’ils sont décrits et sont donc des faits réels
et certifiés, comme des révélations divines et des vérités
immuables et scientifiques.
D’autres, que ces récits ne décrivent pas une vérité au sens
scientifique mais que ces récits sont symboliques, pédagogiques,
chargés de sens et qu’ils ont encore, aujourd’hui, un
enseignement à donner aux croyants.
Nous le savons bien, la connaissance et les découvertes ne se
sont pas arrêtées à l’époque de la rédaction des écrits bibliques.
Le seuil de connaissance du monde qui entourait les écrivains
bibliques ne peut être le critère applicable aux découvertes et
observations faites de leur époque jusqu'à nos jours.
Nous détournant des vaines controverses, nous sommes
appelés à vivre notre foi en Dieu en nous appuyant sur les
Ecritures qui sont, restent, et demeurent pour le croyant « la
Parole de Dieu », livre de foi, de vie et de salut, mais écrite en
son temps par des hommes de leur temps et pour les femmes et
les hommes de tous les temps.
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